Irréalisme, irationalité, irresponsabilité
La France n’est jamais aussi grande, belle et forte que lorsqu’elle se donne une mission difficile (ou même présumée impossible). Et qu’elle réussit à la faire partager par des citoyens soucieux de sa place et de son image dans le monde, ainsi que de sa pérennité pour les générations à venir. Elle l’a montré pendant les Jeux Olympiques (et paralympiques) de l’été dernier. La créativité des artistes lors des cérémonies a enthousiasmé les foules, bien au-delà de l’hexagone, et mis en valeur comme jamais notre formidable patrimoine national. Les athlètes ont trouvé en eux des capacités physiques et mentales insoupçonnées, portés jusqu’aux podiums par des publics enthousiastes. Les organisateurs, les agents de sécurité et les très nombreux bénévoles ont assuré des événements parfaits, malgré les nombreuses menaces, incertitudes et sarcasmes préalables. Nous avons ainsi retrouvé notre fierté d’être français, joui de cette communion nationale mémorable, dont nous pouvions rêver (dans le climat du moment) qu’elle serait durable.
Mais nous nous sommes réveillés avec une très forte gueule de bois lorsque les Jeux Olympiques ont fait place aux Jeux Politiques. La (tragique) dissolution surprise décidée par le président de la République n’a pas engendré la « clarification » qu’il en attendait. Elle a au contraire confirmé l’incapacité de nos élus à se respecter et s’écouter, à rechercher ensemble des indispensables « compromis synergiques » (lorsque la proposition d’un groupe est meilleure pour l’ensemble de la collectivité), former des coalitions permettant de relever les immenses défis du moment : dégradation accélérée de l’environnement ; insoutenabilité des déficits, des dépenses et de la dette publiques (les trois composantes de notre économie de faillite en « 3D ») ; accroissement des inégalités matérielles et culturelles ; chute de la démographie et tensions migratoires ; inquiétantes menaces géopolitiques ; affaiblissement de la croissance économique par insuffisance de travail, de productivité, d’investissement ; inflation des freins administratifs ; absence de perspectives mobilisatrices pour l’avenir…
Aucun de ces problèmes ne saurait être résolu par l’opposition frontale, stérile, violente, souvent surréaliste entre des « blocs » qualifiés de « droite » (radicale ou modérée), de « gauche » (radicale ou modérée), et même du « centre », incapable de rassembler les « modérés » sur quelques idées, mais aussi d’écouter celles des radicaux (qui séduisent aujourd’hui plus de la moitié des électeurs). La France reste en effet hémiplégique. L’époque préfère la concurrence à la coopération. Qu’on le veuille ou non, chacun de nous va devoir accepter de faire des réformes, des efforts, voire des sacrifices. À condition qu’ils soient répartis « équitablement » entre ceux qui ont beaucoup et ceux qui ont peu. Mais il faut arrêter de dire systématiquement que ce sont les « autres » qui doivent les faire.
Or, au lieu de chercher ensemble des solutions par l’« union nationale » (au moins temporaire) nécessitée par la situation, nos « responsables » politiques ajoutent au contraire des problèmes, ne pensant qu’à leur avenir personnel, avant même celui de leur parti, et généralement sans se soucier de celui du pays. Tout en essayant de faire croire à leurs électeurs qu’ils se battent pour eux. Le niveau des débats à l’Assemblée s’avère ainsi encore plus exécrable qu’auparavant. L’argumentation y est plus malhonnête, l’état d’esprit plus détestable. L’irresponsabilité et l’irrationalité dominent. Une atmosphère « trumpienne » s’installe.
Nous, citoyennes et citoyens, ne pouvons plus accepter cette situation, dont la France sortira encore plus affaiblie, incapable de maîtriser son destin. Ce sont le FMI et la Banque mondiale qui s’en chargeront. Pour éviter cette humiliation et préserver l’avenir de nos enfants, nous devons dire stop ! Et forcer les acteurs politiques à penser à la France, de cesser leurs postures et leurs comportements « francicides » (un mot à faire entrer d’urgence dans les dictionnaires).
Nous leur demandons d’arrêter de se regarder le nombril, d’élargir leur champ de vision, de prendre conscience de l’indéniable gravité de la situation. C'est-à-dire de faire preuve de réalisme, de rationalité et de responsabilité. De penser et agir dans un esprit d’efficacité et de solidarité. En se dotant de valeurs « post-individualistes » : respect ; bienveillance ; empathie ; recherche du PGCR (plus grand commun rassembleur)…
La Patrie est (vraiment) en danger. C’est notre devoir à tous de la défendre.
Gérard Mermet, pétition lancée le 3 décembre 2024 sur Change.org